"Tu pars vers le nord ou vers le sud ?" Mon amie me regarde d'un air interrogateur et je ne peux que me mettre à rire. Il est en effet amusant de constater à quel point les motards peuvent parfois se limiter à ces deux caps lorsqu'ils planifient leur prochaine aventure sur deux roues. En passant brièvement en revue mes voyages passés, je me surprends à faire le même constat. En fait, c'est même extraordinaire. Certes, l'ouest est moins accessible. Mais l'est, c'est faisable. Ce choix ne m'était tout simplement pas venu à l'esprit auparavant. Je me tourne donc vers mon amie pour lui répondre : "Vers l'Est ! La Roumanie pour être précis". Je la vois réfléchir. "C'est surprenant", dit-elle, "Mais qu'est-ce qu'il y a à faire là-bas ?" Une question à laquelle je n'ai pas pu répondre immédiatement. Mais aujourd'hui, en rédigeant ce récit, j'en sais bien davantage. Et ma prochaine grande aventure à moto se déroulera à nouveau à l'est !
Dimanche 17 septembre. J'embarque dans un avion en direction de l'est. Le vol fut court, mais j'ai eu le temps de me relaxer. Au fait, je m'appelle Dennis, j'ai 26 ans et je suis un motard passionné. En septembre dernier, j'ai donc participé au VersysRide Pilot. Lors de cette première édition, j'ai pu découvrir les paysages à couper le souffle de la Roumanie. Pas en solo, bien sûr. Après une courte escale à Vienne, j'ai atterri à l'aéroport de Sibiu avec l'équipe autrichienne de Kawasaki. La VersysRide avait commencé !
La première étape consistait en un trajet en taxi jusqu'au centre historique. Sibiu est une ville pleine d'ambiance, avec ses bâtiments caractéristiques aux couleurs pastel, ses églises impressionnantes et ses belles places. Après avoir fait plus ample connaissance avec mes compagnons de voyage autour d'un dîner, il était temps de passer notre première nuit en Roumanie.
Lundi 18 septembre. Sept belles Versys, alignées devant l'hôtel, brillent sous le soleil matinal. Une Versys 650 verte attire mon attention et, peu de temps après, me voilà à son guidon dans la circulation urbaine animée de Sibiu. Je suis prêt pour l'aventure ! Notre destination ? La campagne roumaine. Après quelques kilomètres, le paysage change radicalement et nous laissons définitivement Sibiu derrière nous. C'est extraordinaire de constater à quel point la façon de vivre peut se transformer aussi rapidement.
En chemin, nous avons emprunté les routes sinueuses de la campagne roumaine, traversant de pittoresques villages agricoles. Les rues étroites, les petites maisons et les fenêtres colorées créant une atmosphère joyeuse. Notre colonne Versys a copieusement attiré l'attention et les passants de nous saluer régulièrement. La population locale est très sociable et, chaque fois que nous nous sommes arrêtés un instant, il était facile de discuter. Sympa ! Pas en anglais, évidemment, mais avec quelques gestes très simples, nous avons été complimentés pour nos motos. Des enfants de la région nous ont demandé s'ils pouvaient donner quelques coups de gaz. Bien sûr que oui ! Après tout, pour inspirer la jeune génération, on ne commence jamais assez tôt.
Dans la ville de Sighișoara, nous avons laissé les motos se reposer. Les murs et les tours de la ville médiévale se détachent majestueusement sur le ciel bleu, tandis que les maisons se parent, à nouveau, de couleurs pastel. Voilà un ensemble confortable, dont le style égaierait même les Pays-Bas. Nous nous sommes arrêtés devant la Casa Vlad Dracul, la maison où est né Vlad III, l'homme à l'origine de la légende de Dracula. Un lieu extraordinaire !
Nous avons poursuivi notre route et je me suis régalé. Le soleil brillait, la Versys s'ébrouait joyeusement et l'atmosphère était optimale. Après une belle route, nous sommes arrivés au célèbre château de Peleș. Un magnifique château du 19e siècle avec une vue franchement époustouflante sur les Carpates environnantes. Avant que nous n'ayons pu en profiter pleinement, la nuit est tombée. Il était grand temps de rentrer à l'hôtel et de terminer la journée avec l'équipe, autour de bières bien fraîches.
Mardi 19 septembre. Le départ est matinal. Nous commençons par la visite d'un refuge pour ours. La Roumanie abrite, en effet, une importante population d'ours bruns sauvages. Malheureusement, il arrive encore que ces animaux sauvages vivent une vie misérable dans des cirques, des zoos ou même comme animaux de compagnie. Heureusement, en Roumanie, des organisations et des refuges se consacrent au bien-être de ces animaux. Après une visite guidée, il était temps de poursuivre le voyage. Les kilomètres roumains défilent doucement et voilà que le château de Bran se profile devant nous. Ce magnifique château aux tours majestueuses se dresse au sommet d'une colline. Construit au XIVe siècle, le château de Bran servait à l'origine de forteresse. Le château a ensuite acquis une renommée mondiale grâce à son lien avec le comte Dracula. Le plus drôle, c'est que l'homme en question n'a probablement jamais vécu ici.
L'épaisse couverture nuageuse n'augurait rien de bon. Et en effet, un peu plus tard, il s'est mis à pleuvoir. Néanmoins, l'atmosphère est restée optimale, car les Carpates se profilaient devant nous. Pour moi, cette chaîne de montagnes fut, au sens propre comme au sens figuré, le point culminant du voyage. La route nous a conduits le long de ruisseaux, à travers des forêts denses et des villages pittoresques. En chemin, nous avons même rencontré, pour la première fois, des ours sauvages ! C'est très impressionnant. Peu de temps après, nous sommes arrivés à l'hôtel, enchantés par cette belle étape.
Après le dîner, le ciel s'est dégagé et j'ai décidé de rouler seul jusqu'au sommet d'un col. La route était déserte à cette heure de la journée et, tandis que je roulais, le soleil baissait lentement derrière les pics montagneux. Le ciel se colorait de nuances de rouge et d'orange. Arrivé au sommet, j'ai coupé le moteur. Il faisait froid et un profond silence régnait, rompu uniquement par le grondement des chutes d'eau au loin et le claquement de la Versys 650 refroidie. "Quel pays magnifique", me suis-je dit.
Mercredi 20 septembre. Slalomant à travers les montagnes Făgăraș, l'autoroute Transfăgărășan est un véritable must. Le plaisir de conduire à l'état pur. En plus, le soleil était de la partie et les premiers virages ont tout de suite fait du bien. Virage après virage, un large sourire s'est dessiné sur mon visage. Il était grand temps de mettre cette machine à l'épreuve avec un peu de tempo ! J'ai rétrogradé de deux vitesses et j'ai mis les gaz à fond. Le bicylindre parallèle s'est réveillé en sursaut et a réagi vivement à chaque sollicitation. En jetant un coup d'œil dans le rétroviseur, j'ai vu que le pilote derrière moi avait compris le message. Mais en regardant de nouveau devant moi, j'ai constaté que je me dirigeais vers une épingle à cheveux… à une vitesse vertigineuse. Les freins ! Les étriers Nissin mordent dans les disques, bien penché, je plonge dans le virage et je remets immédiatement les gaz.
"Ça, c'est la Versys !", me suis-je dit. Lourdement chargée, malgré un revêtement moyen, cette moto est capable de rouler confortablement à un rythme élevé. Dans un bruit rauque, nous nous sommes engagés dans un tunnel, au sommet du col. Et, surprise, sur l'autre versant, nous étions littéralement dans les nuages. Le photographe qui sommeille toujours en moi souhaitant prendre des photos des pics imposants qui se cachaient maintenant derrière les nuages, nous avons décidé d'attendre. Peu de temps après, le ciel s'est complètement ouvert. Le paysage qui s'offrait à nous valait vraiment la peine de patienter ces quelques minutes avant de poursuivre notre périple.
Le jeudi 21 septembre fut une journée pluvieuse. Mais en même temps, une journée particulièrement impressionnante. En effet, la plus haute route praticable de Roumanie, la Transalpina, figurait au programme. La visibilité réduite à quelques mètres ne s'est malheureusement pas améliorée au fur et à mesure que nous prenions de l'altitude. La pluie tapait continuellement sur ma visière et le brouillard dense enveloppait les environs d'une atmosphère mystérieuse. Pourtant, de temps en temps, la vue panoramique émergeait de l'épais brouillard. Les virages en épingle à cheveux semblaient attrayants, mais ils étaient dangereusement humides et glissants. Il convenait donc se retenir et d'attaquer les courbes avec un peu moins de fluidité que d'habitude. Lors d'un bref arrêt photo au sommet, j'ai senti la brume froide piquer mon visage. Ici aussi, le silence était total. Certes, nous n'avons pas pu profiter de la vue au sommet, mais nous avons vécu une aventure incroyablement spéciale.
Dans la descente, une lueur jaune a percé le voile gris du brouillard. Peu de temps après, nous avons traversé la couverture nuageuse et avons enfin pu admirer une vue à couper le souffle. De vastes champs d'herbe jaune se détachaient sous les nuages sombres et menaçants. Les plus hauts sommets de Roumanie se profilaient à l'horizon. Spectacle grandiose. Mais attention, il faut quand même rester bien concentré sur la route.
Le vendredi 22 septembre a commencé par un petit déjeuner copieux à l'hôtel. Le soleil s'est montré sous son meilleur jour et peu de temps après, nous nous sommes élancés sur l'asphalte roumain, en nous frayant un chemin à travers de denses forêts. C'était une belle journée et j'avais échangé la Versys 650 contre une Versys 1000, ce qui m'a permis de disposer de deux cylindres supplémentaires. J'ai été surpris de voir à quel point cette moto pouvait être conduite sans changer en permanence de vitesses. Dès les bas régimes, le moteur monte en régime en douceur et la suspension électronique fait un excellent travail !
En chemin, nous avons croisé l'une des nombreuses familles voyageant à cheval et en charrette. À cette vue, mes pensées se sont envolées. La Roumanie est un pays où la différence entre riches et pauvres est très évidente. Dans les campagnes, les familles se déplacent à l'aide d'un cheval âgé et d'une charrette, tandis que les citadins roulent dans de grosses voitures. J'ai particulièrement apprécié le fait que les habitants des campagnes mènent, malgré tout, une vie heureuse et semblent sincèrement contents de ce dont ils disposent. Même si, dans certains cas, ce n'est vraiment pas grand-chose.
L'arrivée à l'hôtel m'a arraché soudainement à mes pensées. C'était le début de l'après-midi et, pendant le déjeuner, j'avais rêvé à voix haute d'un tronçon de route non pavée. En réalité, j'avais remarqué que le Trans Euro Trail - le TET - passait juste devant l'hôtel. Il n'y avait pas de meilleur endroit, ni de meilleur moment, pour mettre le slogan de la Versys - "Any road any time" (N'importe quelle route, n'importe quand) - à l'épreuve ! Peu de temps après, je roulais sur des routes de gravier, entre les arbres. Cela s'est très bien passé et la Versys a tout avalé avec le sourire. À un point de vue, je dominais une grande vallée verte. Pas une seule structure humaine en vue. Extraordinaire ! La nature à l'état pur, contrairement à ce à quoi nous sommes habitués dans nos contrées urbanisées. J'ai démarré la Versys et je suis rentré à l'hôtel. Il est temps de terminer la journée avec une bière fraîche.
Samedi 23 septembre. Le premier VersysRide est à présent terminé et le temps de dire au revoir à l'équipe Kawasaki et de rentrer aux Pays-Bas est déjà venu. Au moment de rédiger ce rapport, je me remémore avec émotion ce voyage à moto inoubliable et plein d'aventures. L'Europe de l'Est m'a donné envie d'en découvrir davantage et il est certain que je reviendrai ici pour explorer ce magnifique pays, sur route et hors des sentiers battus. Merci, Kawasaki !
Texte et photographie: Dennis Geutjes
avec un remerciement spécial à Kawasaki Austria